Jean-Louis Costes

Publié le par HikikoMori

Il bouffe seul, il baise seul, il tue tout seul.


Tels sont les premiers mots que vous entendrez en allant sur son site. Un homme maigre, hurlant, yeux révulsés, portant une femme nue comme une guitare vous accueille. Une bite et un couteau, panoplie du solitaire, encadrent son nom : Costes.

Sur ce site, vous découvrirez, peut-être avec effroi voire répugnance, de la scatologie, du sexe, de la violence, de la folie, le tout présenté crûment. Costes est un artiste pornographique. Mais attention, pas pornographique dans le sens banal "bite dans la chatte" : ici il y a effectivement des pénis et des vagins, mais ces derniers sont soit impuissants, soit mutilés. Beaucoup de cris et de sperme, mais ce sont des cris de douleur et non de jouissance, et le sperme ne reflète que la masturbation du frustré. L'oeuvre de Costes est pornographique en mettant véritablement à nu l'être humain et pas seulement au sens propre. Echecs sentimentaux, haine hystérique, dégoût, amour malheureux, frustration sexuelle et sociale, angoisses, paranoia et folie : l'homme expose sans la moindre pudeur toutes ses pensées les plus sordides, les plus inavouables, confesse les choses les plus humiliantes. Pornographie de l'âme humaine et déversement de toute la merde qu'on a dans la tête.

Artiste total et survolté, il est sur tous les fronts : musique, films au budget proche du néant, littérature (son fameux "Grand Père" et "Viva la Merda !", ainsi que des pelletés de textes publiés sur son site (http://costes.org/regle.htm) et pour des revues), et surtout, surtout : la scène. De la France aux Etats-Unis aux côtés de la délicieuse Lisa Suckdog en passant par le Japon où il est adoré, Costes joue ses opéras-pornos sociaux, véritables comédies musicales déjantées et obscènes où ses personnages, confrontés brutalement à des situations démentielles, pètent les plombs et où s'entrechoquent les corps nus en transe des acteurs (parfois aussi avec les corps, habillés eux, des spectateurs).

A travers sa musique particulière et ses performances hallucinées et hallucinantes, Costes tire la chasse sur sa merde mentale. Une fois ses pensées les plus obscènes, les plus haineuses et les plus désespérés exprimées, il doit se sentir comme purifié. Lui-même résume très bien sa situation : "Je suis qu'une merde qui souffre, qui a mal au ventre, à la tête, qui doute, qui s'prend la tête... comme vous. Et seule la musique est un soulagement." Il montre l'humanité dans toute son horreur, dans tout ce qu'elle a de plus sale, de plus bas et faible....... mais aussi parfois de plus beau. A force d'aller toujours plus loin dans l'échec, on atteint le grandiose.

Tour à tour hilarant dans son outrance, terrifiant, obscène et pathétique, son oeuvre est troublante, dérangeante, et surtout d'une incroyable sincérité.

Depuis plus de 20 ans, Jean-Louis Costes chante, hurle et martyrise son clavier ; sa discographie est imposante : cassettes, vinyls, cds, et aborde de manière dérangeante et hautement jubilatoire des thèmes variés et souvent intime et/ou tabou : la merde, la frustration sexuelle, l'amour déçu menant à la haine dévastatrice, la folie, la scatologie, et le plus sensible d'entre tous : le racisme, qui lui a valu bon nombre de procès depuis une dizaine d'années de la part d'associations faussement antiracistes n'ayant pas saisi la portée parodique, pourtant évidente, de son oeuvre. Le procès, ayant à la base pour sujet le "racisme ordurier" de son album "Livrez les blanches aux bicots", satire terrifiante et hilarante du racisme, s'est rapidement transformé en procès de la liberté d'expression. Dans l'album incriminé, il joue un raciste hystérique frustré éructant des insultes avec un sérieux désarmant. Or, ces insultes sont grotesques tout comme le personnage qu’il joue. Il ridiculise ainsi la mentalité xénophobe tout en mettant l’accent sur sa dangerosité. Il est fort probable que les associations, aux accusations basées sur des paroles isolées de leur contexte, aient terni leur image par l'acharnement irraisonné dont elles ont fait preuve à son encontre (10 ans de procès, et l'affaire est toujours en cassation (sic !)).

Costes n'est pourtant pas un psychopathe. Si sur scène l'artiste éructe nu couvert d'un délicat mélange d'épinards-chocolat de par le monde et manifeste un vif intérêt pour les carottes anales, l'homme, grand voyageur et passionné par la jungle guyannaise où il y a construit une maison, est tout ce qu'il y a de plus charmant et, n'ayons pas peur des mots, touchant. Etonnant ? Pas tant que ça : l’art lui sert de soupape de sécurité ; il lui permet de laisser exploser sa rage et son désespoir. Bref, de mener une existence plus supportable.

 


Publié dans eruct

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R
<br /> <br /> Costes, un élément important du bordel salvateur, en ces temps d'infamies sécuritaires... moi je prends beaucoup de lui, et je laisse beaucoup aussi.<br /> <br /> <br /> <br />
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I
J'aime beaucoup comment tu parles de lui.
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